Bataille du col d’Ordal, 14 septembre 1813; victoire des troupes Françaises commandée par le maréchal Suchet sur les Britanniques et les Espagnols commandés par Lord Bentinck .
Sources : Victoires et Conquêtes des Français de 1792 à 1815 ( paru en 1818 )
Sur ces entrefaites, les armées Britanniques et Espagnoles s’approchaient de Barcelone . Lord Bentinck, après que le duc d’Albufera eut quitté Villafranca, avait établi son quartier-général dans cette dernière ville et concentré ses troupes Alliés dans les environs .
Son avant-garde; composée du 27eme régiment Anglais, de trois bataillons Espagnols et d’un bataillon de calabrois sous les ordres du colonel Adams; occupait déjà, avec quatre pièces d’artillerie légère, la forte position du col d’Ordal .
Le maréchal Suchet résolut de faire payer cher à l’ennemi les légers avantages qu’il avait remportés à San-Sadurni et à Palleja . En conséquence, les deux armées Françaises d’Aragon et de Catalogne durent se mettre en marche dans la nuit du 13 septembre 1813 .
L’armée Française d’Aragon se dirigeait, savoir, la division d’infanterie Française du général Harispe , la division de cavalerie Française Delort par la route Royale, la division Française d’Habert par les défilés de Begas et d’Avinyonet . Elle menaçait ainsi le flanc droit de l’ennemi .
Le corps de Catalogne avait l’ordre de se porter de Teressa sur Martorrell, San-Estevan et San-Sadurni pour tourner le col d’Ordal . Malgré l’extrême difficulté des chemins, ces mouvements combinés de l’aile droite et de l’aile gauche sur le centre de l’armée Française n’éprouvèrent qu’un très-léger retard .
Le 14 septembre, au matin, toutes les troupes Françaises étaient réunies devant Villafranca, en face de l’armée Anglo-Espagnole . Vers minuit, le col d’Ordal fut attaqué par le 7eme et 44eme de ligne Français appartenant à la division Française du général Harispe .
Les Britanniques opposèrent l’élite de leurs meilleures troupes . Enfin, après deux heures de résistances, les deux régiments Français ( 7eme et 44eme de ligne ), conduits par le général Mesclop, enlevèrent les redoutables positions qu’occupaient les Britanniques avec un courage irrésistible . Dans cette attaque, les chefs de bataillons Bujeant et Feuchères, le chef d’escadron Harlaux, le capitaine de sapeurs Branville, se distinguèrent dans cette attaque .
Tandis que le combat nocturne avait lieu, le général Delort était placé en réserve avec la division Française de cavalerie près du champ de bataille et à portée de profiter du succès de l’attaque .
Le général Delort avait inspiré aux cavaliers Français du 4eme hussards, prêt à se lancer sur l’ennemi, le plus ardent désir de venger l’affront fait à leur régiment deux jours auparavant . Les positions du col d’Ordal étaient à peine emportées, que les hussards Français, ayant à leur tête le colonel Christophe et le général Delort, étaient déjà sur les traces des fantassins Britanniques .
Par une course audacieuse et rapide, que le feu très vif de quelques bataillons Britanniques ne purent ralentir un instant, les hussards Français enlevèrent aux Britanniques les quatre pièces de canon qui appuyaient leur avant-garde, sabrèrent et dispersèrent les canonniers et les troupes d’escorte et ramenèrent 300 prisonniers Britanniques avec une quantité considérable de munitions et de bagages .
Les hussards Français poursuivirent les Britanniques, l’épée dans les reins, jusqu’à une énorme coupure faite sur la route royale, près de Villafranca et derrière laquelle l’ennemi s’était formé en bataille sur trois lignes .
L’armée Anglo-Espagnole présentait alors une masse d’infanterie formidable, appuyée par une belle et nombreuse cavalerie et par 35 pièces d’artillerie .
Seul en présence des ces forces imposantes, le 4eme hussards fit halte à la hauteur de San-Cujat . De son côté, l’ennemi, après plusieurs manoeuvres insignifiantes, tourna par sa gauche dans le but de s’emparer du village de San-Cujat . Une fois maître de ce point, il aurait pu alors forcer les troupes Françaises à rétrograder en désordre sur le col d’Ordal .
A cet instant, le commandant Bujeaut, qui arriva avec son bataillon Français, reçut du général Delort l’ordre de précipiter sa marche afin d’arriver avant l’ennemi à San-Cujat . Ce mouvement s’exécuta au pas de course . Le bataillon Français se précipita dans le village et repoussa, par une vive fusillade, la cavalerie Anglaise et l’infanterie légère Anglaise qui était sur le point de s’en emparer .
L’occupation du village de San-Cujat décida l’ennemi à la retraite qu’il exécuta d’ailleurs sans confusion .
Sans perdre un moment, le général Delort, qui vienait de réunir en totalité sa division de cavalerie Française, se porta en avant de San-Cujat sur le flanc des Britanniques et manoeuvra devant eux comme sur un champ d’exercice . Les tirailleurs ennemis furent partout chargés et sabrés par les cavaliers Français du 4eme hussard . L’on ramassa quelques prisonniers Britanniques dans cet action .
Après ces escarmouches, la cavalerie Française fut de nouveau divisée . La première brigade suivit, par la grande route, le mouvement rétrograde de l’ennemi, appuyant l’artillerie qui ne cessait de soutenir un feu bien dirigé sur les masses ennemies en retraite .
Le général Mayer, avec sa seconde brigade, fut chargé de tourner la position de Villafranca et toute la gauche de l’ennemi . Au delà de cette ville, des charges meurtrières furent exécutées, de part et d’autres, avec une singulière intrépidité . Les cavaliers Français et Britanniques combattaient alors avec vaillance .
Les chevaux-légers Westphaliens, le 4eme Hussard, le 24eme dragon et le 13eme cuirassiers rivalisèrent d’efforts et de bravoure . Enfin l’avantage resta à la cavalerie Française et avec lui le champ de bataille si longtemps et si opiniâtrement disputé .
L’ennemi eut deux cent chevaux pris, 400 hommes tués ou blessés, 3500 prisonniers ou déserteurs . Le régiment de “ hussards Britanniques de la mort “ fut presque entièrement détruit . Les Français comptèrent 300 hommes tués ou blessés .
Après avoir établi sa réserve en arrière d’un ravin profond et d’un pont détruit, l’ennemi effectua sa retraite sur Tarragone . L’approche de la nuit et l’extrême fatigue des troupes Françaises qui avaient combattu, ne permit pas de le poursuivre plus longtemps .
Ainsi deux régiment d’infanterie Française et un régiment de cavalerie Française, les 7eme et 44eme de ligne et le 4eme hussard, avaient largement suffi pour écraser l’avant-garde des Anglais, forte de 5000 hommes de troupes d’élites Britanniques, soutenues par quatre pièces d’artillerie et occupant une position formidable : le col d’Ordal .
Pendant ce temps, le corps d’armée Français de la Catalogne, sous les ordres du général Decaen, après avoir culbuté et mis en fuite les divisions Espagnoles des généraux Manco et d’Eroles sur tous les points où il les avait rencontrées, arrivait ensuite à Villafranca au moment où les Britanniques opéraient leur retraite au-delà de cette ville .
Le maréchal Suchet donna l’ordre au général Decaen de prendre position et de faire reposer les troupes que le trajet long et pénible qu’elles venaient de parcourir avait épuisée de fatigues .
Toute l’armée Anglo-Espagnole, bien supérieure en nombre à celle de Suchet, même en supposant la totalité de ses forces réunies, s’était retirée . C’est ainsi que Suchet pouvait se retirer en France sans en être inquiété